Introduction
La rééducation à la marche du patient hémiparétique est un défi majeur pour les professionnels de santé, notamment les kinésithérapeutes. L’hémiparésie est souvent une séquelle d’un accident vasculaire cérébral (AVC), d’un traumatisme crânien ou d’une pathologie neurologique. Elle entraîne une diminution de la force musculaire d’un côté du corps, avec des perturbations importantes de la marche et de l’équilibre. Dans cet article, nous allons explorer les techniques et stratégies de rééducation à la marche adaptées aux patients hémiparétiques, en nous appuyant sur les dernières avancées scientifiques et les bonnes pratiques en kinésithérapie
1. Définition de l’hémiparésie et son impact sur la marche
L’hémiparésie se définit comme une faiblesse musculaire affectant un côté du corps. Cette affection a des répercussions directes sur la capacité à marcher. Les patients hémiparétiques présentent souvent une diminution de la longueur du pas, une cadence ralentie, ainsi qu’une réduction de la vitesse de marche et de la symétrie entre les membres sains et atteints.
Perturbations majeures observées dans la marche hémiparétique :
Diminution du temps d’appui unipodal sur le côté atteint.
Augmentation du temps de double appui et du temps d’appui sur le côté sain.
Asymétrie entre les temps de balancement et les phases d’appui.
Ces altérations mènent à un déplacement souvent fatigant et instable, nécessitant une rééducation précoce pour limiter les compensations et améliorer la qualité de la marche.
2. Objectifs de la rééducation à la marche
Le but premier de la rééducation à la marche pour un patient hémiparétique est de restaurer une mobilité fonctionnelle tout en travaillant sur la symétrie et l’automatisation du geste locomoteur. Les principaux objectifs sont :
Améliorer la symétrie entre les membres atteints et sains.
Réduire les compensations (comme le recurvatum du genou).
Automatiser la marche pour diminuer la demande attentionnelle et cognitive liée à l’exécution du mouvement.
La rééducation doit se concentrer sur la stimulation précoce à la position debout et à la marche, en particulier en évitant le recurvatum, et en travaillant les phases excentriques des muscles antigravitaires et concentriques des fléchisseurs. Cela permet de restaurer une propulsion efficace et de renforcer les muscles clés pour la stabilité.
3. Techniques de rééducation à la marche
a) Travail sur la symétrie et l’appui
Exercices avec feedback visuel ou sonore (comme l’utilisation d’un métronome) pour synchroniser les pas et améliorer la symétrie du temps d’appui.
Alternance de mise en charge et mise en décharge du membre atteint. Ces exercices permettent de renforcer la coordination entre les phases excentriques et concentriques des muscles concernés.
b) Travail en décharge
La marche en décharge est recommandée en phase initiale pour diminuer le risque de fatigue et améliorer la capacité du patient à maintenir un rythme de marche sans surcharge. L’objectif est de progresser vers une diminution progressive du pourcentage de décharge tout en augmentant la vitesse de marche.
La marche en décharge peut se faire à l’aide de dispositifs comme le Lite Gait ou l’Hydrothérapie, qui permettent de réduire la gravité et d’augmenter progressivement la charge supportée par le membre inférieur atteint.
c) Renforcement musculaire et endurance
Le renforcement musculaire se concentre sur les muscles antigravitaires, qui assurent la stabilité lors de la phase d’appui. Un travail d’endurance doit être effectué dès que possible pour améliorer la vitesse de marche et la capacité cardio-respiratoire du patient.
d) Double tâche
La marche en double tâche est essentielle pour automatiser le geste et éviter de corticaliser la marche. Le patient est encouragé à marcher tout en effectuant une autre activité (comme parler ou manipuler un objet), ce qui permet de réduire l’attention nécessaire à la marche.
4. Rééducation fonctionnelle et posture
La rééducation du patient hémiparétique doit être fonctionnelle, c’est-à-dire centrée sur les activités de la vie quotidienne. Il s’agit par exemple de travailler sur le passage assis-debout, la montée d’escaliers ou encore la marche sur différents terrains pour s’adapter aux défis réels auxquels le patient est confronté. Voici quelques principes essentiels à suivre :
Varier les exercices et les terrains pour stimuler les capacités d’adaptation du patient.
Utiliser des techniques comme la méthode Bobath ou Kabat pour favoriser la réorganisation neuromusculaire et améliorer la posture.
5. Évaluation et suivi des progrès
Il est essentiel de mesurer les progrès du patient à travers des tests standardisés comme le 25 Foot Walk Test (25FWT) ou le 10 mètres marche. Ces tests permettent d’évaluer l’amélioration de la vitesse de marche et des paramètres spatio-temporels sur le long terme.
Un suivi régulier doit inclure :
Analyse de la goniométrie des articulations de la hanche et du genou.
Évaluation de la spasticité avec des échelles comme l’échelle de Tardieu ou l’échelle de Modified Ashworth.
Réévaluation de la force musculaire des membres atteints et sains pour adapter les exercices de renforcement.
6. Importance de l'automatisation et de la neuroplasticité
Pour optimiser la rééducation, il est crucial de stimuler la neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à réorganiser ses connexions neuronales après une lésion. La répétition des mouvements de marche, associée à des variations d’exercices, permet au cerveau de retrouver une coordination locomotrice fluide.
Le travail sur la double tâche et la variation des exercices stimulent également le réseau locomoteur spinal, renforçant les capacités automatiques de la marche et réduisant ainsi la sollicitation corticale.
Conclusion
La rééducation à la marche du patient hémiparétique est un processus complexe mais essentiel pour restaurer l'autonomie et améliorer la qualité de vie. La clé du succès réside dans une rééducation précoce, variée et fonctionnelle, en s'appuyant sur les principes de symétrie, d’endurance et d’automatisation des gestes. En tant que professionnels de la santé, il est de notre devoir de fournir un programme personnalisé, adapté à l'évolution du patient.
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Cet article est une version extrêmement simplifiée de la pathologie, conçue pour rendre l'information accessible. Il n'entre pas dans les détails théoriques et peut comporter des erreurs de plus il ne constitue pas un diagnostic médical. Pour des questions précises n'hésitez pas à me contacter.
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